• Gtummo ou la chaleur psychique: entre mode et tradition....

     J'ai eu ce jour en consultation un patient qui, commençant un peu à me connaître, m'a confié qu'il tentait de pratiquer en ce moment une technique qui a été (re)mise un peu à la connaissance du public ces derniers temps.

    Cette technique est celle de Gtummo, ou Toumo, une pratique de Yoga Thibétain bien particulière, mais aussi une pratique issue du Shugendo, une voie de des Arts Martiaux qu'avait emprunté Me Sylvain Guintard il y a près de 40 ans en arrière.

    A l'époque, j'avais une quinzaine d'année, à peine. La technique m'avait attiré pour son apport en terme de pouvoir de régulation personnelle de certains rythmes et fonctions autonomes de  notre corps.

     A cette période, Sylvain Guintard était un pionnier dans le domaine du Ninjutsu, si je ne me trompe pas. Assez rapidement, la pratique de la voie "interne" des Arts Martiaux l'a rapidement séduite, et je me rappelle encore l'avoir vu, avec d'autres pratiquants sur un magazine d'Arts Martiaux Français (il devait s'agir de la revue "Bushido" si mes souvenirs sont bons)

    J'ai donc moi aussi, quelques années plus tard, et après avoir fait des recherches dans la pratique du Gtummo, débuté un entraînement issu de mes propres recherches et de l'enseignement des rares personnes un peu "initiées". Ces recherches m'avaient dirigé vers les livres de Mme Alexandra David Neel, qui était, elle, pionnière dans l'exploration du Thibet, et certaines méthodes d'entraînement de Daniel Braibant, qui proposaient des entraînements, assez poussés, de méditation profonde pour développer la manipulation de ce que les Extrême Orientaux nomment le Qi ( cette "énergie", ou Prana, ou Ilmu, ou Force Vitale, qu'on utilise aussi en Médecine Traditionnelle Chinoise ou en Médecine Ayurvédique). Robert Lasserre en avait fait une première approche dans les mêmes années, peu ou prou.

    Ces dernières années, c'est surtout Maurice Daubard , en France, qui reste une référence dans ce domaine. Certains pratiquent des "stages" sous sa direction, dirait-on, comme en témoigne la vidéo ci-dessous.

    Dans mon expérience, la technique se divisait en deux parties: l'aspect "exterieur" (très bien rapporté par Alexandra David Neel dans son livre "mystiques et magiciens du Thibet", et que vous pouvez retrouver dans l'excellent ouvrage traduit par Evans Wentz "le Yoga Thibétain et les Doctrines Secrètes" d'un lama Thibétain dont je ne me souviens plus du nom, qui avait aussi rédigé un ouvrage sur Milarepa, un Saint Thibétain qui avait pratiqué et maîtrisé Gtummo......), et l'aspect "intérieur", qui -je peux me tromper-me semble être partiellement voire complètement ignoré dans certaines pratiques récentes.

    Sylvain Guintard le disait bien, et le monsieur de la vidéo ci dessous en parle également. "On ne se met pas sous la douche glacée!", cela pourrait être dangereux!

     

    Le travail respiratoire n'est presque rien sans l'entraînement de la pensée concentrée par la méditation. Le travail respiratoire est une technique intéressante pour "se réchauffer rapido"  ou "sauver un peu sa peau". Mais il est insuffisant à générer une chaleur nécessaire pour , très concrètement, dilater les micro vaisseaux de la périphérie (les extrémités du corps) et protéger du danger premier du froid: les engelures.

    Phénomène social très actuel: "on veut tout et tout de suite" ? ou simple ignorance?

    L'aspect "extérieur" est rapidement praticable par toutes et tous, c'est certain, mais il donnera des réponses différentes selon les constitutions de chacun, et il ne permettra pas un progrès sensible sur le long terme.

    L'aspect "intérieur", est par contre particulièrement demandeur. Il nécessite plusieurs semaines, voire mois, voire années (eh oui!) pour parvenir à développer la faculté mentale d'augmenter la température du corps, puis celle de la pièce dans laquelle on se trouve (thermomètre à l'appui).  C'est seulement après ce travail ET ce résultat obtenus, qu'on devrait- d'après moi- commencer à pratiquer "outdoor". C'est seulement cette pratique méditative régulière, tous les jours pour être préçis, qui peut permettre de développer, en toute sécurité, la véritable "chaleur interne", communicable à l'environnement immédiat, et mesurable objectivement par un thermomètre. 

    Souvenez vous que les "Répa", comme le décrit Alexandra David Neel, avaient pour coutume une "épreuve" de mesure du niveau de réussite: chaque lama qui commençait à maîtriser son pouvoir de thermorégulation pouvait faire sécher une (ou plusieurs) serviettes mouillées posées sur son corps dénudé, dehors, en hiver.

    Il faut bien discerner le stoïcisme face au froid, qui ne développe rien d'autre qu'une certaine forme de confiance en soi (ce qui est déjà pas mal), mais qu'on peut extrapoler à d'autres pratiques du même genre (marche sur les braises, saut à l'elastique, etc....) ET le pouvoir de faire monter la température de son corps, d'en dilater les vaisseaux périphériques, pour produire une chaleur suffisante pour ne plus être incommodé par la froid. Il y a une grande différence entre les deux pratiques.

    Et seule la méditation régulière, avec la réalisation de tests objectifs réguliers pour mesurer le degré de "production thermique", permet d'arriver à toucher du doigt la deuxième version-et à mon avis la plus intéressante et la moins hasardeuse- de la pratique de Gtummo. 

    Comprenez moi bien: "ne pas avoir froid" , ou se duper soi  même en affirmant qu'"on n'a pas froid" alors qu'on a froid, n'est PAS LE BUT de la pratique. 

    Le réel but de la pratique-et celui qui mérite qu'on pratique, d'après moi-, c'est de développer une chaleur intérieure et d'en produire assez, et sur un assez long terme pour que sa dissipation (inévitable si on est "à poil" dans la neige ou dans un lac gelé) ne permette pas au froid extérieur de refroidir le corps, y compris -et surtout- au niveau des extrémités qui risquent de geler (engelures)

    Il faut du temps et de l'entraînement pour en arriver là, et savoir être très honnête avec soi même sur le niveau atteint...ou pas.

    On ne joue pas avec le Feu, et certainement pas plus avec le Froid.

    En résumé:

    • Gtummo par techniques respiratoires dans la neige sans préparation= stoïcisme moderne. C'est faisable par toutes et tous, à vos risques et périls (hypothermie et engelures).
    • Gtummo par méditation calorigène efficace, testée objectivement+ techniques respiratoires et mise en pratique progressive en situation=maîtrise sans risques. Cela peut prendre des années d'entrainement rigoureux et régulier. 

    Docoach

     

     

     

     

     

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