• YOGA

     

     

     

    Il existe essentiellement deux formes de Yoga, les deux pouvant être considérées comme complémentaires. En essence, il en existerait même une infinité . Si on considère que « Yoga » signifierait Union au sens de « Union Divine », la vie elle même, quelle qu’elle soit, est un moyen de réintégrer le « Néant Divin ». De ce point de vue, toute forme de pratique, et même la « non-pratique »,est une forme de Yoga.(Daniélou, 1951)

     

    Mais l’Occident, pour qui la pensée culturelle est faîte de dichotomie (séparer en opposant), verra plus simplement les choses si on lui en présente deux. Le Hata Yoga (celui du Corps), et le Raja Yoga (celui de l’Esprit).

     

    ⁠Pour lui, le Divin est dans un « ailleurs » que l’ « ici et maintenant ». Cela doit sans doute le troubler, puisqu’il surfe depuis peu sur la vague de la « méditation pleine conscience ». Les techniques respiratoires mêmes issues des actuelles « écoles scientifiques » qui prône cette « nouvelle » méthode, globalement, se sont inspirés d’auteurs plus anciens .(Lefebure, 1991)

    Certaines techniques de ralentissement de la respiration, notamment, ne sont pas le fruit d’une découverte récente, loin de là.(Kerneiz, 1949)

    Mais pour en revenir à nos moutons, même si on sépare la gymnastique « exotique » qu’on nomme Yoga de nos jours, et la méditation qu’on nomme « pleine conscience » , c’est que c’est la mode. Et qu’on aime bien enfumer un public avide de nouveautés et à la mémoire bien courte. Car des auteurs Français dans le domaine, il y en a eu plus d’un. Et on aime bien aussi, avouons-le, dire que « ça vient des Etats-Unis ». Plus de poids. Plus de crédit. Et si ça vient d’Extrême Orient, un peu plus d’ « exotisme ». Et puis, les auteurs Français, souvent, détaillent et analysent avec soin. Cette version « intello » n’attire pas. Réfléchir, ça peut faire mal ?

     

    Alors, forcément, la « cohérence cardiaque », ça a plus de gueule, mais, désolé, ça n’est pas nouveau.(Lysebeth, 1976)⁠

     

    Bref, prendre telle ou telle posture en Hatha Yoga, ce n’est pas simplement pour la santé ou le fun, c’est pour éveiller une forme d’energie (Kundalini pour les « initiés ») et plus simplement pour équilibrer le système nerveux autonome et central afin d’explorer l’influence du système nerveux autonome sur les fonctions nerveuses centrales. Parlant clairement, c’est pour l’Eveil ou l’Illumination.

     

    Cet « Eveil », ou cette « Illumination », n’est pas une abstraction métaphysique, mais bien une réalité que le Raja Yoga (ou Yoga de l’Esprit pour les Occidentaux) se donne comme objectif d’emblée, avec un minimum de postures ou d’ « exercices physiques » évoquant la gymnastique occidentale.(Saraswati, n.d.)

    En passant, il est certain que l’influence de cette pratique, par sa reflexo-logique, soit une voie de régulation du système nerveux autonome ET, par l’intermédiaire du Vague ( comme le théorise actuellement Porges), celle de certaines fonctions corticales. Et ça non plus, ça n’est pas nouveau.(Yogananda, 1980)

     

    Je vous encourage à voir l’excellent court métrage « Awake », sur la vie de Yogananda à ce sujet.

     

     

     

    Le Yoga est ainsi une pratique scientifique. De ce point de vue là, Alice Bailey, dont je ne cautionne pas tous les écrits en passant, avait écrit juste.(Bailey, 1974)

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    Cette « lumière dans la tête » ne laisse pas de place à l’interprétation. C’est une manifestation physique très nette pour le pratiquant. C’est même l’Illumination, à un certain degré. Une étape du Satori en Japonais. Elle n’est pas, à ma connaissance, pour l’instant, l’objet d’études en IRM fonctionnelles.

     

    Pour autant, l’exploration du système nerveux autonome par la pratique d’une branche du Yoga Thibetain (Gtummo Yoga) a été faîte.(Benson et al., 1982)

    Il est clair que l’influence d’une forme de méditation, et de techniques physiques (pouvant s’apparenter à de la reflexologie), qui constituent une partie du Raja Yoga (le yoga du mental, pour reprendre la terminologie avec laquelle j’ai débutée), agissent clairement sur le sympathique et parasympathique.(Minvaleev, Bogdanov, Bogdanov, Bahner, & Marik, 2014)

     

    ⁠⁠Mais là je me suis dirigé vers une branche du Yoga Thibétain, et éloigné des deux versions du Yoga que je proposai d’expliquer. Revenons donc à nos moutons.

     

    Et soyons synthétiques : le Hatha Yoga est dévoyée vers une forme de gymnastique et, en tant que tel, a son intérêt, ses partisans, et ses enseignants. Multiples postures. Multiples respirations. Multiples interprétations.Une activité physique « ouverte ». Le Raja Yoga, lui, ne propose que deux ou trois postures, et un accès aux facultés cognitives et spirituelles du Shaman.

     

    L’un ne va pas sans l’autre pour autant, et-je le répète-la pensée dichotomique les sépare en les opposants. Le Shugendo, par exemple, unifie en complètant.(Guintard, 2016)

     

    On peut toutefois comprendre ce que le Yoga peut apporter sans mener à la frontière des Elfes ou des Fées (Cook, 1981)⁠, en jetant un œil sur le film « Awake » dont j’ai parlé plus haut pour ceux qui n’aiment pas lire, en lisant attentivement les ouvrages de la bibliographie de cet article pour ceux qui aiment lire, ceux de Docoach sur la méditation, mais aussi par le travail d’Ostrander et Shröder, déjà ancien, mais très complet, sur les possibilités du cerveau bien nourri, éduqué, et respecté dans sa physiologie.(Shröder, 1992) Ces derniers points feront l’objet d’un prochain post.

     

    Docoach

     

     

    Bailey, A. (1974). Un traité sur la magie blanche (Lucis Trust).

    Benson, H., Lehmann, J. W., Malhotra, M. S., Goldman, R. F., Hopkins, J., & Epstein, M. D. (1982). Body temperature changes during the practice of g Tum-mo yoga. Nature, 295(5846), 234–236. Retrieved from http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/7035966

    Cook, H. and M. B. (1981). Other Kingdoms (unknown).

    Daniélou, A. (1951). Yoga: méthode de réintégration. (L’Arche, Ed.).

    Guintard, S. (2016). Shugendo, les mystérieux moines bouddhistes des montagnes (Editions de l’Eveil).

    Kerneiz. (1949). Le Yoga de l’Occident (Omnium Lit).

    Lefebure, F. (1991). La respiration rythmique et la concentration mentale (Le courrier du Livre).

    Lysebeth, A. Van. (1976). J’apprends le Yoga (Flammarion).

    Minvaleev, R. S., Bogdanov, A. R., Bogdanov, R. R., Bahner, D. P., & Marik, P. E. (2014). Hemodynamic Observations of Tumo Yoga Practitioners in a Himalayan Environment. The Journal of Alternative and Complementary Medicine, 20(4), 295–299. https://doi.org/10.1089/acm.2013.0159

    Saraswati, S. S. (n.d.). Hatha Yoga Pradipika (Satyananda).

    Shröder, O. et. (1992). Les étonnants pouvoirs de la mémoire. Supermemory (Laffont).

    Yogananda, P. (1980). Autobiographie d’un Yogi (Adyar).